vendredi 8 février 2013

De quels vins on s’abreuve, de quels mots on se saoule ?


 

Tempête dans une sapine, les cerveaux aujourd’hui s’agitent sur la toile aussi virtuelle que les propos sont superficiels.

 Le vin convenable est-il le vin bio, le vin nature ou le reste ?

On ne sait plus à quel vigneron se vouer ! 

Il est assez probable que le meilleur vin soit celui qui nous fait plaisir, car il est bien loin le temps ou l’on buvait de la piquette pour se garder des dangers de l’eau d’alors, qui était sans doute bien plus dangereuse que le pire vin d’aujourd’hui !

Loin aussi le temps ou l’on buvait des litres et des litres de vin pour tenir le coup au boulot ou pour tenir le coup tout court. 

Alors c’est quoi ce débat ? il y aurait des vins bons, des moins bons, des mauvais?
Merde alors et on ne nous dit rien !

Il aurait des vins sains (natures) et des malsains (les autres) ?
Non, déconnez pas les mecs !

Le vin finalement c’est un peu comme le sexe et tout le reste, c’est ceux qui en parlent le plus…

Chez nos chers prescripteurs, c’est comme partout y’a du bon et du moins bons, des « goûteux » et des « buveux ».

Moi vigneron, j’en bave des ronds de chapeau pour arriver à faire du vin buvable qui donne un peu de plaisir aux braves gens qui m’en achètent. Il y en a parmi eux qui me disent qu’il est bon, d’autres disent même excellent, ça me fait du bien mais ça résout rien.
Cela ne m’empêche pas chaque début d’année de me demander si elle se passera bien; je veux dire si je réussirai à payer les banquiers, les fournisseurs et à avoir encore de quoi nourrir ma famille.
Cela ne m’empêche pas comme tous mes collègues vignerons, le printemps venu, de serrer des fesses en espérant qu’il ne gèlera pas. Et quand ça passe, j’espère qu’il ne pleuvra pas trop, qu’il ne fera pas trop froid, ni trop chaud et que je ne serai pas obligé de traiter tous les quatre matins, j’espère aussi qu’il ne grêlera pas et qu’août (qui fait le moût) sera beau et que ça durera jusqu’aux vendanges.
Après j’espère que mon vin sera pas bouchonné et puis pour compléter que mes clients me paieront et pas en retard si possible !

Voyez un peu messieurs les « goûteux », les basses considérations que j’ai dans mon métier.

Dites-moi donc ce que vous buvez, si vous n’êtes pas -que- des « goûteux »?
Parce que je vous vois bien goûter à tour de papilles et puis juger, noter, classer, faire et défaire, dire du bien d’un vin du mal d’un autre, encenser un vigneron, baver sur un autre , c’est quoi cette mode ridicule de vouloir tout déguster ? Maintenant, au restaurant on vous apporte votre assiette et on vous dit : « bonne dégustation » alors que vous êtes venu pour manger !   ben ça va ou bien ?

Faudrait arrêter de penser que vous êtes au centre du monde du vin les « goûteux » et que vous avez une science infuse qui n’existe pas. Si vous aviez un peu d’honnêteté et d’amour propre, en imaginant que vous soyez fondés à juger le travail des vignerons, vous ne commenteriez que vous propres sensations après avoir bu un vin… à l’apéro, ou mieux en mangeant à table comme il se doit. Parce qu’un vin ne représente pas qu’un vin mais un lieu, un instant, presque un état !

La dégustation c’est un outil technique de fabrication du vin, c’est un outil technique pour choisir ce que l’on veut acheter et encore ce deuxième point se discute. Faudrait arrêter de confondre les moyens et la fin.

Le meilleur vin ça n’existe pas, c’est celui qui nous rend heureux à un moment donné parce qu’on est bien là où on le boit et avec qui on boit.

Un aligoté avec de bons amis sera toujours plus joyeux qu’un Montrachet partagé à regret avec de mauvais compagnons.
 
Il m’est avis que si vous buviez un peu ou un peu plus, vous découvririez les fabuleuses vertus du vin.
Car, quant à écrire sur les vins, ce n’est pas qu’une occupation, c’est sérieux mais il faut en être capable, oserais-je dire en être digne ?

Les auteurs qui en pinçaient pour la chopine, les « buveux », ont de tous temps écrits de fort belles choses et puisque vous prétendez juger notre travail, je prétends vous dire que leur lumière montait du fond du verre pour éclairer leurs esprits et que c’était d’un autre tonneau !

Je ne vois rien dans vos écrits polémiques qui présente luminosité et grandeur ou qui révèle un tant soit peu de talent. En croyant parler du vin, c’est souvent de vous-même que vous parlez, traitant le vin comme un faire-valoir, vous le galvaudez dans des crachoirs.  

Sans talent et même avec, il nous reste le labeur, c’est notre lot à tous, vignerons, écrivains également et autres  aussi. Sans talent ni travail, les « goûteux » ne sont finalement que des gribouilleurs.

La nature a créé l’eau et l’homme le vin et l’écriture…

Et l’homme n’est pas parfait chacun le sait bien.

 

1 commentaire:

Le taulier a dit…

Moi tout ça ça me va je ne goûte pas je bois...

Jacques Berthomeau
www.berthomeau.com